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Cher président,

Je vous écris cette lettre en espérant que vous profitez au maximum de votre règne.

Moi, j'essaie de survivre au large des îles Canaries, attendant que des Hommes comme Thomas Sankara, Sékou Touré ou Nelson Mandela viennent me sauver comme ils savent bien le faire.

Mais vous devriez le savoir.

Vous vous demandez sûrement quels sont les liens entre nous pour que je vous en parle.

Pas de précipitation Monsieur. J'y viens. Pour l'instant, détendez-vous. Prenez un bon verre de bissap.

Allongez-vous ou mettez-vous comme vous voulez.

Mettez un bon son de Youssou Ndour ( non pas lui : depuis qu'il est au côté de l'oprresseur, il a perdu son aura). Mettez plutôt du Salif Keita ou du Ismaïla Lô.

C'est fait? Super.

Alors, où devrais-je commencer ? Vous voyez, même moi, je ne sais pas. Il s'est passé tellement de choses depuis que les occidentaux ont pris leurs navires pour la découverte du monde. Mais je ne vous apprends rien, n'est ce pas ? Tout ce que je peux vous dire sur moi, c’est que j'étais un jeune diplômé. Débrouillard, ambitieux, courageux, talentueux. Fils unique d'une femme veuve gravement malade, avec des soeurs à charge et issu d'une famille modeste. Je tombais sur de petits job par-ci et par-là, malgré mes longues études et mes diplômes. En tant que jeune citoyen, je trouvais la consommation locale primordiale pour le développement de mon pays. J'étais convaincu qu'il valait mieux vivre des ressources de notre terre et de notre mer, plutôt que d'acheter à prix fort des produits venus d'autres pays. Donc, je produisais moi-même, je cultivais et je pêchais, jusqu'à ce que vous décidiez seul et brutalement de vendre les seules choses qui nous permettaient de vivre sans dépendre des autres.

 

Vous vous êtes sûrement reconnu dans mon histoire ? Pour vous non plus la vie n'a pas été douce. Vous êtes passé par des situations difficiles, nous le savons bien, vous l'avez tellement répété pendant votre campagne présidentielle.

Depuis que vous êtes à la tête de ce pays, vous ne nous apportez que du malheur. Vous délogez des gens pour faire construire des entreprises étrangères. Vous emprisonnez tous ceux qui se mettent en travers votre chemin. Vous vendez nos terres. Vous vendez notre mer et ses richesses. Vous nous faites croire que vous avez dépensé des milliards pour un train Express qui, je le cite, depuis son inauguration n'a fait aucun trajet. Pire encore il est couvert de poussière. Vous signez des contrats avec des pays développés qui nous noient encore plus. Vous ne prenez que de mauvaises décisions ou, devrais-je dire, vous mettez vos intérêts en avant. Vous parlez d'un plan "Sénégal émergent". Mais où en est-il? Depuis que vous êtes à la tête de ce pays, on s'appauvrit encore plus de jour en jour. Vous ne nous êtes d'aucune utilité, Monsieur.

 

Votre égoïsme et votre amour pour l'argent nous poussent aujourd'hui,

nous les jeunes, à quitter les terres que nous aimons tant, à tourner le dos à nos familles, pour aller chercher un avenir meilleur, ailleurs, où nous serons sous-estimés, sous-payés et mal respectés.

C’est à cause des dirigeants comme vous que notre mer se vide de ses poissons. C’est de votre faute si des jeunes pêcheurs désespèrent de ne plus pouvoir vivre de leur travail et, se retrouvent comme moi sans aucune opportunité pour soutenir nos familles. Et quand il n’y a plus aucune miette d’espoir, c’est barça ou barsakh. À quel moment, un président digne de ce nom se permet d'hypothéquer sa jeunesse, l'avenir et l'espoir et l'honneur de tout son peuple pour sa fortune personnelle ?

 

Nous, jeunes sénégalais et sénégalaises, avons le droit de briller, de prouver notre détermination et nos incontournables compétences. Nous avons le potentiel de faire avancer les choses. Il nous faut tout simplement des dirigeants justes, qui s'inquiètent de notre réussite et qui ne préfèrent pas les pots de vin à leur peuple. Des Hommes comme Nelson Mandela, Thomas Sankara, Sékou Touré, Martin Luther King et bien d'autres.

 

Monsieur, pensez à ces mères, ces enfants, ces frères, ces soeurs, ces grandsparents, ces oncles et tantes, ces amis qui voient leurs proches partir sans jamais revenir.

Pensez aux souffrances de ces gens.

Président, maintenant que je me noie dans les profondeurs de l'Atlantique avec les autres fantômes de la jeunesse, je peux te tutoyer et aussi te dire que je n’essaye en aucun cas de toucher ta sensibilité.

On sait tous que tu es sans coeur.

Mais juste ne penses-tu pas que c'est ton devoir d'aider ces jeunes qui sont à la place où tu étais il y'a quelques années,

avant d'être le chouchou préféré de Macron.

 

Toi et ton cher collègue Alassane Ouattara, ne pensez-vous pas que c'est l'heure d'arrêter de prendre les pots de vins et d'accomplir les tâches pour lesquelles on vous a mis à la tête de nos pays ?

 

En espérant que vous puissiez changer et devenir l’un des dirigeants à qui on rend hommage après leur mort, je vous prie d'accepter, Monsieur, mes salutations les plus infidèles.

 

La personne que vous dégoûtez le plus.

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